Bâtie au fond d’un vaste golfe sur la mer des Antilles, cernée au nord par des montagnes, Jacmel a été fondée en 1698 par la Compagnie de Saint Domingue, un an après que l’Espagne eut cédé la partie occidentale de l’île à la France (traité de Ryswick). Les Jacméliens sont encore partagés sur l’origine du nom de leur ville.
Pour en savoir plus : JACMEL SURSUM CORDA par Wilson Décembre

Préfète Duffaut
Jacmel
A l’époque pré-colombienne la région de Jacmel est rattachée au caciquat de Xaragua dirigé par le cacique Bohéchi.
Après 1804 la ville participe activement à la lutte d’émancipation de l’Amérique latine notamment en accueillant le révolutionnaire Francisco Miranda et le Libertador du Vénézuela, Simon Bolivar.
Le 9 septembre 1896 vers 10h du matin un incendie éclata dans la maison de Tibulle Maximilien au Bel-Air. Alain Turnier raconte que le feu se propagea rapidement dans tout le quartier. Tard dans l’après-midi la ville n’était plus qu’une gigantesque torche, mariant ses sinistres lueurs rouges à l’embrasement du couchant. Jacmel était en état de choc : mille deux cents maisons détruites ; près de cent ans d’efforts assidus, accomplis par quatre générations de Jacméliens, anéantis en quelques heures. Alcibiade Pommayrac , le poète citoyen écrit « Jacmel , Sursum Corda ! » :
Oh console-toi donc, pauvre cité martyre,
Qu’avec tant de rigueur le malheur éprouva.
Il te reste des fils pour toujours te redire :
Jacmel, Sursum Corda !
De 1848 à 1930 l’essor économique de Jacmel provient essentiellement du café, un des meilleurs arabicas du pays, cultivé à l’ombre des grands sucrins dans les montagnes environnantes. Son port, alors l’un des plus grands ports exportateurs de café et d’huiles essentielles de la Caraïbe, et son commerce vont favoriser sa prospérité durant toute cette période.
D’Alcibiade Pommayrac (1844-1908) à Félix Morisseau Leroy (1912-1998), pionnier de la littérature créole, l’essor économique de Jacmel s’est accompagné d’une pléiade de poètes et d’intellectuels de haut vol parmi lesquels Alcius Charmant (1856-1936), Charles Moravia (1875-1938), Seymour Pradel (1875-1943), Roussan Camille (1912-1961), Jean Métellus (1937-2014) ou René Depestre.

Célestin Faustin
Jacmel a aussi donné naissance à des maîtres de la peinture haïtienne comme Célestin Faustin, Luce Turnier, Préfète Duffaut, à des artistes de renom comme Wilmino Domond et Castera Bazile et des musiciens comme l’inoubliable troubadour Ti Paris

Préfète Duffaut
Jacmel de mes rêves
Dans le domaine de l’artisanat , la cité de Mathurin Lys s’est bâtie une solide réputation notamment avec le papier mâché , le travail du bois , la peinture sur tissu ou la création de bijoux. A l’occasion du carnaval de Jacmel , bien ancré dans la tradition et riche en couleurs et en rythmes , les artistes et les artisans rivalisent d’ingéniosité et de créativité pour donner naissance à un fantastique bestiaire avec le défilé des mascarades , la parade des personnages historiques ou les innombrables bandes à pied.
On peut encore admirer le marché en fer réalisé aux ateliers de Bruges en Belgique et édifié en 1895 par Alcibiade Pommayrac, la cathédrale Saint-Jacques et Saint-Philippe construite en 1859 et endommagée par le séisme de 2010, où la première ampoule d’Haïti et des Caraïbes fut allumée au cours de la messe de Noël, le 24 décembre 1895, marquant le début de l’électrification du pays, et des maisons remarquables avec des structures préfabriquées importées d’Europe à la fin du 19ème siècle. Une mention spéciale pour le manoir Alexandra qui fut construit dans les années 1915-1918 et qui devient le manoir Siloé dans HADRIANA DANS TOUS MES RÊVES, le roman de René Depestre.

Cecilia Coraggio
Plan de Jacmel